HOMMAGE à un « Maigret de la vie intellectuelle » : Michel Albaric 1939-2024 Ancien membre et ancien président de l’ADEBD
Nous avons appris le décès du Frère Michel Albaric, qui fut un président très actif de notre association, entre 1977 et 1985.
Ingénieur de recherche au C.N.R.S., consultant de la Commission pontificale pour les biens culturels de l’Église, Michel Albaric était diplômé de l’École de Bibliothécaires-Documentalistes (promotion 1972). Il appliqua les méthodes qu’il y avait apprises dans son poste de bibliothécaire principal au Saulchoir (couvent des Dominicains, rue de la Glacière à Paris 13e) de 1972 à 1999. La Bibliothèque du Saulchoir connut et connaît toujours grâce à lui un rayonnement international.
Lors de son engagement à l’ADEBD, le frère Albaric put développer des thèmes qui lui tenaient à cœur. La déontologie professionnelle dans les bibliothèques, pour commencer, qui l’amena à fournir de nombreux articles dans le Bulletin de l’association, et à communiquer sur ce sujet dans des colloques ou congrès. Au vu de la pertinence de ses interventions, l’École lui confia dans les années 1980 la charge d’un cours de Déontologie destiné aux élèves de 2e année.
Il se pencha aussi sur l’image de marque des bibliothécaires : très attentif aux médias de son époque, le frère Albaric repérait et analysait comment était traitée notre profession par les journalistes, les écrivains ou les cinéastes. Il n’hésitait pas d’ailleurs à interpeller les auteurs quand une description lui paraissait trop caricaturale !
Enfin bien sûr le frère Michel fut un grand spécialiste de l’iconographie religieuse et s’impliqua dans la rédaction des normes catalographiques des images de piété.
Michel Albaric avait reçu en 1996 les Insignes de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres des mains de Maurice Druon, Secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Bibliothécaire doublé d’un chercheur, voici comment il décrivait, d’une façon très imagée, sa vision du métier :
« L’analyse qu’il m’a été donnée d’entreprendre en travaillant une édition critique [du poète Clément Marot] a déclenché en moi deux aptitudes essentielles du bibliothécaire : le goût de l’entomologie, non des vrillettes ou des poissons d’argent, mais le désir quasi-maniaque du point et de la virgule dans la description catalographique, nous sommes les entomologistes du livre, et l’intérêt pour l’enquête policière qu’est la recherche bibliographique : nous sommes les Maigret de la vie intellectuelle. » (Bulletin de l’ADEBD, n°24-1985)
Régine Hubert-Brierre
(promotion 1983)