Histoire(s)
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C’était il y a 100 ans… Histoire de bibliothèques
#1 : Le 2 novembre 1922 ouvre la « Bibliothèque moderne de la rue Fessart » dans le 19e arrondissement.
C’est Ernest Coyecque (15 août 1864 – 15 janvier 1954), inspecteur à la Direction des bibliothèques municipales de Paris et banlieue depuis 1913, qui œuvre à cette ouverture.
En effet, Ernest est volontaire de la promotion de la lecture dite alors « populaire » avec accès au grand nombre : « Faite pour tous. Ouverte à tous ».
Pour la création de la bibliothèque de la rue Fessart, il requiert le savoir-faire des bibliothécaires américaines en la personne de Miss Jessie Carson (1) qui offre au nom du Comité Américain pour les Régions Dévastées, le CARD (2), l’installation d’une baraque – bibliothèque, la formation du personnel et le financement du fonctionnement pendant cinq ans, sur le modèle des cinq bibliothèques qu’elle a dirigées à Soissons, Blérancourt, Anizy-le-Château, Coucy et Vic-sur-Aisne crées en 1921 par le Comité.
Dès son ouverture, la bibliothèque connait un grand succès, avec sa salle de lecture aux livres neufs avec une section de périodiques et une section pour enfants avec des heures du conte et son équipe féminine de professionnelles accueillantes.
La bibliothèque Fessart a 100 ans ! – Mairie du 19ᵉ (paris.fr)
Retrouvez différentes évocations de la célébration du centenaire de la bibliothèque sur tout le mois de novembre 2022 sur le site de la mairie du 19e Arrondissement (Exposition, Conférences, Visites guidées).
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Jessie Carson : Bibliothécaire de l’American Library de New York. Une conférence lui est dédiée dans le cadre du centenaire de la bibliothèque Fessard.
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Le CARD : Comité américain pour les régions dévastées fondé en 1917 par Mrs Murray Dike et Miss Ann Morgan sur la ligne de front de la région de Soissons.
Sources :
Robert Marichal, « Historique de l’Ecole de Bibliothécaires-Documentalistes », Revue de l’Institut catholique de Paris n°15, juillet-septembre 1985, pp.9-24.
Isabelle Antonutti (dir.), Figures de bibliothécaires, Presses de l’ENSSIB, Villeurbanne, 2020.
Https://americanlibraries.org/2017/02/16/french-connection-librarians-wwi-france/
#2 : La Paris Library School, une école de Bibliothécaires à Paris
A la suite du succès d’un stage de formation organisé en juin et juillet 1923 pour des collaboratrices françaises qui prendraient la suite de leurs collègues bibliothécaires américaines après leur départ, Miss Jessie Carson (1) demande à l’« Association des Bibliothécaires Américains » d’installer à Paris une école de Bibliothécaires, le Paris Library School. Celle-ci est établie dans les locaux de la Bibliothèque Américaine de la rue de l’Elysée.
En 1924, Ernest Coyecque (1864 -1954) et Eugène Morel (1869-1934) (2) mettent en relation Gabriel Henriot (1880-1965)(3) avec Miss Sarah Bogle (1870-1932) directrice des enseignements.
Celle-ci propose à Gabriel Henriot de définir des programmes et d’enseigner. Il organise trois grands cours d’une centaine d’heures. Cette formation est plus concrète que celle d’archivistes-paléographes dispensée par l’Ecole des Chartes, très académique et comptant encore très peu de femmes. Elle comprend notamment davantage de stages et travaux pratiques, avec des professeurs américains et français :
Les matières enseignées :
A- Administration ; C- Classification et Catalogue. Ce cours est assuré par Miss Margaret Mann (1873 –1960) ; L-Livre : Histoire, technique, choix, bibliographie et travail avec les enfants. Ce cours est assuré par Gabriel Henriot.
De 1924 à 1929, preuve de son succès, l’école compte 200 élèves, dont Aline Payen-Puget (1901-1994) (4). En 1929, cependant, la Paris Library School doit arrêter son activité à la suite de problèmes de financements, ainsi que de dissensions avec l’Ecole des Chartes. Gabriel Henriot va cependant poursuivre son projet en faveur de l’existence d’une école de bibliothécaires.
- voir article précédent #1 de novembre 2022
- Travaille à la Bibliothèque Nationale de France depuis 1892, élu président de l’ABF en 1918, promoteur du système Dewey dans les bibliothèques, à l’origine de la création de la bibliothèque pour enfants, l’Heure Joyeuse.
- D’origine modeste, il a réussi l’Ecole des Chartes. Il est nommé en 1920 conservateur de la bibliothèque Forney et élu président de l’ABF en 1925. Biographie complète dans l’ouvrage « Figures de Bibliothécaires » référencé dans les sources.
- A suivre dans le prochain article de la rubrique Histoire(s), qui paraitra en juin 2023
Sources :
Robert Marichal, « Historique de l’Ecole de Bibliothécaires-Documentalistes », Revue de l’Institut catholique de Paris n°15, juillet-septembre 1985, pp.9-24.
Isabelle Antonutti (dir.), Figures de bibliothécaires, Presses de l’ENSSIB, Villeurbanne, 2020.
Https://americanlibraries.org/2017/02/16/french-connection-librarians-wwi-france/
#3 : C’était il y a bientôt 88 ans … Histoire d’une Ecole de Bibliothécaires
Fort de l’expérience de l’American Library School , Gabriel Henriot crée l’« Ecole Municipale de Bibliothécaires pour la Ville de Paris » en 1930, grâce à de maigres crédits alloués par le conseil municipal. Cette formation se contente de dispenser une quinzaine d’heures de cours (vingt en hiver, dix en été) et une trentaine d’heures de travaux pratiques destinés aux personnels des bibliothèques de la ville. Son public s’enrichit d’étudiants, d’employés municipaux susceptibles de devenir un jour bibliothécaires, d’employés de services sociaux, d’hôpitaux et même de salariés d’entreprises. Gabriel Henriot assure les fonctions de directeur trois années durant, jusqu’à la fermeture de l’école suite à la suppression des crédits de la ville de Paris.
La Ligue Féminine d’Action Catholique de Paris, vers laquelle se tourne Gabriel Henriot, par l’intermédiaire de Marie-Louise Arrivot (condisciple de Colette Meuvret à l’école des Chartes) lui donne cependant les moyens nécessaires de créer une nouvelle école. La Ligue souhaite en effet disposer d’un personnel qualifié pour diriger ses bibliothèques paroissiales et d’hôpitaux.
Le 12 novembre 1935, la première promotion de l’Ecole de Bibliothécaires, appelée « Enseignement Technique et Pratique pour Bibiothécaires », est crée.
Cette première promotion, 100 % féminine, appelée COBAYE sortie en 1936 compte 16 admises.
La formation court de novembre à juillet. Elle comprend 300 d’heures de cours, 600 heures de travaux pratiques, et 130 heures de stages.
Le cursus s’achève par un examen de fin d’année et un diplôme. Les cours ont lieu dans les différentes salles de l’Institut catholique, ou à la Bibliothèque Forney, il n’existe pas de locaux fixes.
Gabriel Henriot, le directeur, se charge d’enseigner les cours sur le livre (histoire et techniques). Il est secondé dans cette tâche par par Mlle Solange Petit, elle-même élève de cette première promotion.
Parmi les professeures figurent entre autres, Colette Meuvret-Renie (1896-1990) qui assure le cours d’administration et d’histoire des bibliothèques, puis celui de bibliothéconomie jusqu’en 1974. Aline Payen-Puget (1901-1994), ancienne élève de Margaret Mann à l’American Library School accepte quant à elle de dispenser les cours de catalogage et la classification. Elle ne se destinait pas à l’enseignement, mais s’engage pour trois ans et assure finalement ce cours jusqu’à sa retraite, en 1977.
Violette Coeytaux, pour sa part, prend en charge le cours sur la bibliographie, tout en étant élève de cette première promotion.
Parmi les autres élèves de cette première promotion, la plus connue est Marguerite Raffy (1901-1990), qui devient elle-même professeure, puis secrétaire générale, puis directrice des études. (1)
(1) Voir un prochain article sur les anciens directeurs / directrices
Sources :
Maud Esperou, « Colette Meuvret : 1896 – 1990 », Bulletin d’information de l’association des bibliothécaires français, no 191, 1991, p. 103-105
Robert Marichal, « Historique de l’Ecole de Bibliothécaires-Documentalistes », Revue de l’Institut catholique de Paris n°15, juillet-septembre 1985, pp.9-24.